DAY 14 : CHAMBOULEE
Publié le 07 SEP 2017
Il n’y a pas d’autre mot… Je suis confrontée à tellement d’émotions dans ma tête et dans mon cœur …
Notre journée commence à 8h. Asanka, sa fille Sashini et moi partons pour l’école avec la machine Nescafé, et toutes mes affaires pour les activités chargées dans le Tuk Tuk.
J’ai tellement hâte de voir tous les enfants à nouveau ! Lorsque nous arrivons, ils sont tous là, sur la fin des préparatifs. Le décor de la scène se monte, j’aperçois une fanfare au loin, et tout le monde s’active de partout. On m’isole rapidement dans le bureau du proviseur car l’effet de surprise doit être total. Je trépigne d’impatience, et en même temps je suis gênée de tout ce travail pour moi. On m’appelle enfin pour commencer la cérémonie. Nous nous mettons devant le portail de l’école. 3 enfants sont là avec des feuilles d’une plante qui doit certainement symboliser quelque chose. Je ne sais pas ce que je dois faire, et me laisse porter par chaque seconde qui passe, vivant juste chaque moment. Chacun leur tour, ils me tendent les feuilles, je les prends, ils se penchent, puis me touchent les pieds, je leur touche la tête, ils se relèvent, et reprennent leurs feuilles. Dès les premières secondes, les larmes me montent aux yeux… comment réagir autrement… Ce geste de « s’agenouiller » devant une personne est très fort pour moi. Il y a pour moi une notion de supériorité et d’infériorité. Et je ne suis que Jen, venue donner un petit coup de main. Pour eux, c’est simplement une grande marque de respect. Je dois prendre ce geste pour ce qu’il est pour eux, et non pour ce qu’il représente pour moi. Malgré tout, j’ai la gorge serrée. Et je ne peux me permettre trop d’émotivité, je dois me contenir. La fanfare entame ses premières notes. Ils sont magnifiques dans leurs costumes. Je les suis ensuite jusqu’à l’escalier, symbole du travail de Travel & Smiles. Le principal m’invite à monter les marches la première. Quelques amis d’Asanka sont là, très peu en fait, car la plupart doit travailler.
Nous entrons ensuite dans la grande salle. Il y a de beaux rideaux, des fleurs, et le vidéoprojecteur est prêt. Nous devons allumer des bougies pour marquer le début de la cérémonie. Je dois allumer la mienne tout en tenant dans la même main la main d’une petite fille. Quel symbole ! Nous rejoignons nos places, et tous et toutes chantent/récitent une prière bouddhiste, les mains jointes, et les yeux fermés.
Le Principal fait ensuite son discours de bienvenue, puis c’est à mon tour de monter sur scène. Je leur parle du pouvoir de l’école qui est un des socles de leur vie, de la richesse qu’apporte la différence, et de l’importance de l’anglais. J’espère que mes mots auront marqué les esprits. J’ai ensuite le droit à deux danses de bienvenue. Certaines ont de magnifiques robes, et des fleurs glissées dans leur longs cheveux noirs tressés. Pendant les différents discours, des photos des travaux défilent sur le vidéo projecteur, avec quelques mots clés tels que travail, effort, cadeau, bénévole, etc…
Je suis ensuite rappelée à sur scène, pour la distribution d’une partie de ce que nous avons acheté pour les enfants. Des enfants en particulier sont appelés, et je comprends que ce sont les plus pauvres de l’école, et que je dois leur donner un par un une gourde ou une Lunch Box. Ils se mettent en file, et l’un après l’autre, ils viennent récupérer leur cadeau. Ils se penchent à chaque fois pour me toucher les pieds, et je dois à chaque fois leur toucher la tête. Quel moment difficile pour moi… Je souris et je pleure en même temps. Je suis à la fois heureuse qu’ils soient heureux, et en même temps je suis extrêmement triste de voir que des enfants me remercient autant pour une simple bouteille en plastique ou un simple Tupperware. Cela ne devrait pas exister, aucun enfant ne devrait manquer des éléments nécessaires à son éducation, ou à ses besoins vitaux (manger, boire et se vêtir). Je dois contenir mes larmes, et leur faire le plus de sourires possibles, mais que c’est dur...
Je donne ensuite quelques-uns des équipements de sport aux professeurs concernés. Puis c’est au tour du Principal de me remettre des cadeaux : un tableau (en tissu je crois, car je dois avouer que je n’ai pas vraiment pris le temps de bien l’examiner de près) et 2 housses de coussin, le tout fait main par un maman d’un des élèves. Comme je suis touchée ! Il me remercie une énième fois de tout ce que j’ai fait, et je le remercie une énième fois d’avoir eu confiance en moi, de m’avoir permis d’intervenir dans son école, et ainsi de réaliser un de mes rêves. La cérémonie s’achève là.
Le moine bouddhiste n’est pas venu, nous ne savons pas pourquoi. Nous irons lui offrir son cadeau demain, car il nous a de nombreuses fois fait préparer le thé, et nous a offert des pâtisseries et des fruits pendant les travaux. Nous avons maintenant le droit à une pause thé avec les amis d’Asanka pendant une demie heure. Ça fait du bien de souffler un peu !
Nous reprenons ensuite, et j’enchaine avec une rapide présentation de la France, des photos et des vidéos du pays, de la Tour Eiffel, quelques chiffres clés, et quelques notions de géographie. Les enfants ont l’air intéressés et fascinés. Je leur fais sentir de la lavande, et leur fais passer une pomme de pin. Je suis contente de leur montrer d’où je viens.
Sous la direction de Sahan, un des élèves qui nous a aidés pour les travaux, les plus grands et plus grandes s’occupent de servir le « Nescafé » pour tout le monde. Même pour les plus petits, car comme on me l’a expliqué, ce n’est pas du café ! C’est du Nescafé avec du lait !
A la fin de ma présentation, je prolonge un peu mon shoot de bonheur en faisant quelques photos au milieu des élèves. Asanka, quant à lui, s’offre un petit bonus en leur montrant une vidéo d’un de ses plongeons. Tous les yeux s’écarquillent !!! Comme il est fier et comme je suis fière de lui !
Il nous reste ensuite 1h30 d’intervention, les cours se terminant à 13h30 tous les jours. Je me rends donc en cours d’Histoire, où une partie de l’histoire de France est au programme. Je parle des châteaux de la Loire, puis du château de Versailles, et de la Révolution française. Encore une fois, je suis heureuse de leur apprendre quelque chose.
Il est ensuite temps de partir pour tout le monde, nous sommes tous épuisés.
Demain, nous revenons pour l’atelier Dessin, pour parler de Thomas Pesquet aux plus grands, et si nous avons assez de temps, pour jouer aux jeux de cartes en anglais. J’ai hâte !
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